La maladie de Lapeyronie est une affection du tissu conjonctif qui se caractérise par la formation de plaques fibreuses au niveau de l’une des enveloppes du pénis (l’albuginée) et entraînant une déformation parfois importante du pénis en érection, et des troubles de l’érection. Ces plaques peuvent être très douloureuses pendant l’érection au début de la maladie : c’est la phase inflammatoire initiale de la maladie, plus ou moins marquée et qui finit toujours par régresser avant de laisser place à une plaque ou nodule fibreux indolore mais inextensible, entrainant de part ce fait une déformation en érection. Jusqu’à présent, le principal traitement de la maladie de Lapeyronie était la chirurgie pour corriger la déformation et éventuellement un traitement par onde de choc à la phase aigüe de la maladie, pour soulager les douleurs. L’utilisation d’un extenseur pénien permet de gagner quelques degrés de courbure s’il est utilisé au moins 3 heures par jour pendant plusieurs mois. A noter qu’il n’existe pas de traitement médical permettant de faire régresser les plaques de Lapeyronie. De bons résultats ont été obtenus avec des injections d’enzymes (Xiapex® qui est une collagénase) permettant de « digérer » la plaque de Lapeyronie, cependant ce traitement n’est plus commercialisé en France. Récemment, le plasma riche en plaquettes (PRP) a été proposé dans cette indication. Voici les principaux avantages et l'intérêt du PRP dans la maladie de Lapeyronie :
1. Propriétés régénératives : Le PRP est dérivé du propre sang du patient et contient une concentration élevée de facteurs de croissance et de protéines stimulant la régénération des tissus. Lorsqu'il est injecté dans les plaques fibreuses de la maladie de Lapeyronie , le PRP pourrait favoriser la régénération des tissus sains, aider à réduire la fibrose et potentiellement atténuer la courbure pénienne.
2. Réduction de la douleur (présente à la phase initiale de la maladie) : Les plaques fibreuses dans la maladie de Lapeyronie peuvent provoquer des douleurs parfois majeures lors de l'érection empêchant tout rapport sexuel. L'utilisation du PRP ayant une action anti inflammatoire pourrait réduire la douleur associée à la maladie, améliorant ainsi le confort sexuel des patients.
3. Amélioration de la fonction érectile : Dans certains cas, la maladie de Lapeyronie peut entraîner une dysfonction érectile car la plaque peut atteindre les vaisseaux du pénis. Des études préliminaires suggèrent que l'injection de PRP peut améliorer la fonction érectile chez certains patients en améliorant la circulation sanguine dans le pénis.
4. Approche non chirurgicale : Le PRP offre une option de traitement non chirurgicale pour les patients atteints de la maladie de Lapeyronie . Par rapport aux interventions chirurgicales invasives, l'utilisation du PRP est généralement considérée comme moins invasive, avec des temps de récupération plus courts et moins de risques associés.
5. Compatibilité avec d'autres traitements : Le PRP peut également être utilisé en combinaison avec d'autres traitements de la maladie de Lapeyronie , tels que la thérapie par ondes de choc. Cette approche combinée peut potentiellement améliorer les résultats et les avantages thérapeutiques. En pratique, on conseille d’utiliser un extenseur pénien en association avec les injections de PRP.
Nous avons récemment rapporté nos résultats concernant l’injection de PRP dans le cadre de la maladie de Lapeyronie (1).
Trois injections intra-plaques de PRP ont été réalisées à 15 jours d’intervalle chez 17 patients ayant une maladie de Lapeyronie. Le questionnaire de la maladie de Lapeyronie (PDQ) ainsi que la mesure de l’angle de courbure de verge en érection ont été évalué avant traitement puis 1 mois, 3 mois et 6 mois après le traitement. La fonction érectile a été évaluée par différents questionnaires. Aucun effet secondaire n’a été noté durant la période d’étude. Trois mois après le traitement, les 3 domaines PDQ étaient significativement améliorés (respectivement p = 0,002;p = 0,015; p = 0,017). L’angle de courbure de verge était significativement diminué de 11,8◦avec un angle moyen de 40,4◦avant traitement et 28,6◦après (p = 0,007). Le score IIEF-EF était significativement amélioré après traitement (valeur moyenne préopératoire: 10,67) avec un gain de 5 points au 1eret 6emois (respectivement p = 0,01 et p = 0,036) et de 7 points au 3emois (p = 0,04). Cette étude suggère que les injections de PRP sont bien tolérées et améliorent la déformation de la maladie de Lapeyronie.
Ces résultats encourageants nécessitent d’être confirmés par d’autres études. D’autre part, on ne sait pas à quel stade de la maladie, l’injection de PRP doit être réalisée. Il est probable que l’effet soit préférable à la phase précoce de la maladie, lorsque l’inflammation est encore présente et la plaque pas encore calcifiée.
REFERENCE
1. Schirmann A, Boutin E, Faix A, Yiou R. Tolerance and efficacy of platelet-rich plasma injections in Peyronie's disease: Pilot study. Prog Urol. 2022 Oct;32(12):856-861.