La sténose urétrale est une pathologie dans laquelle l'urètre (le canal par lequel l'urine est évacuée de la vessie) est rétréci du fait de la fibrose présente dans l'épaisseur de sa paroi ("spongiofibrose"). Cette pathologie peut entraîner des symptômes tels que difficulté à uriner (dysurie) avec jet d'urine faible ou interrompu, besoins fréquents d'uriner et sensation de vidange incomplète de la vessie. Pour comprendre l'anatomie de l'urètre: cliquer ici.

Le risque est la survenue d'une rétention aiguë et complète des urines qui nécessiterait la mise en place d'un cathéter sus pubien (introduit à travers la paroi abdominale jusque dans la vessie pour évacuer l'urine). Sur le long terme, l'obstruction chronique de l'urètre peut entraîner une dégradation fonctionnelle de la vessie. Lorsque la vessie se vide mal et que l'urine y stagne en permanence, cela peut entraîner des infections urinaires et des douleurs chroniques.

 Les traitements d'une sténose urétrale peuvent varier en fonction de la gravité de la condition et de la cause sous-jacente. Voici les principales options de traitement possibles :

  1. Dilatation urétrale: Cela implique l'insertion d'un instrument dans l'urètre (bougie) pour élargir le rétrécissement. Cependant, cette méthode ne donne généralement qu'un résultat temporaire, car elle ne traite pas la cause de la pathologie. La dilatation doit donc être généralement répétée afin d'éviter les récidives. Ce geste peut être effectué sous anesthésie locale en consultation et il est réservé à des patients que l'on ne souhaite pas opérer. 
  2. Urétrotomie interne: C'est une procédure chirurgicale sous anesthésie générale dans laquelle un instrument coupant (lame froide ou section au laser) est inséré dans l'urètre pour élargir la zone rétrécie sous contrôle de la vue (geste par endoscopie). Comme la dilatation urétrale, cette intervention est associée à un fort taux de récidive (70%). En effet, l'urétrotomie interne va inciser la paroi de l'urètre de l'intérieur. Ceci améliore toujours transitoirement les symptômes d'obstruction, cependant, pendant la phase de cicatrisation (ré-épithélialisation de la zone incisée), l'urine qui passe dans l'urètre à chaque miction va être au contact même de la paroi urétrale mise à nue et ainsi accentuer la fibrose à l'origine de la pathologie. Si la reconstitution de l'épithélium urétral -qui empêche normalement le contact nocif entre l'urine et la paroi de l'urètre- n'est pas assez rapide ou se fait mal, l'urétrotomie va in fine aboutir à une extension de la fibrose en profondeur de la paroi urétrale.  Par conséquent, en cas de récidive de la sténose après 1 ou 2 urétrotomies internes, il est fortement conseillé d'envisager une urétroplastie, c’est-à-dire une intervention chirurgicale ouverte consistant à enlever la zone malade ou y apporter du tissu sain pour l'élargir de manière pérenne. La répétition des urétrotomies internes au-delà de 2 procédures a pour effet d'accentuer la fibrose et complique la réalisation ultérieure d'une urétroplastie.
  3. Urétroplastie: C'est une intervention chirurgicale visant à reconstruire ou à réparer l'urètre affecté. Cela peut impliquer l'utilisation de tissu de votre propre corps pour élargir l'urètre. En bref, il existe deux types de procédure: la première (résection-anastomose) consiste à enlever chirurgicalement toute la zone urétrale où siège la fibrose et suturer l'une à l'autre les 2 extrémités urétrales comme on raccorderait deux tuyaux pour n'en faire plus qu'un. La suture se fait ainsi en zone saine (sans fibrose) de l'urètre. Cette intervention n'est possible que si la zone de fibrose n'est pas trop longue (en pratique inférieure à 2 cm) et son un taux de succès est de 80 à 90 %. Il n'y a généralement pas de conséquence sur l'érection ou l'aspect du pénis. A noter que la répétition des urétrotomies internes a tendance à accentuer la longueur de zone de fibrose. En cas de sténose longue qui n'autoriserait pas la suture des deux extrémités urétrales parce que trop éloignées l'une de l'autre, on préfère effectuer un autre type d'intervention qui ne va pas enlever la zone fibrosée mais va plutôt y apporter du tissu sain afin de l'élargir. L'intervention de référence consiste à prélever un lambeau de muqueuse buccale (pris dans la bouche à l'intérieur de la joue et sans conséquence fonctionnelle) et de le greffer dans l'incision de la paroi urétrale fibrosée pour l'élargir. Le taux de succès de cette intervention est aussi très élevé.
  4. Stent urétral: Un stent est un petit tube inséré dans l'urètre pour maintenir son ouverture. Cela est généralement utilisé comme traitement temporaire car la prothèse peut être mal supportée, ou peut migrer et être à l'origine de saignements ou de formation de calculs. Elle est néanmoins très utile dans les cas très complexes, récidive après chirurgie, patients ne pouvant supporter une intervention etc…